« Une floraison sans limite »
Magnifiquement nourrie par l’amour idéalisé et les réminiscences d’une enfance heureuse proche de la nature, l’œuvre de Mireille Sorgue est un trésor de poésie enluminée par les couleurs,
les parfums, les musiques, les saveurs qui ont accompagné la petite fille et l’adolescente. C’est aussi une œuvre douloureuse où sans cesse se répondent en écho les thèmes intimes d’une vie aux si belles
promesses : communion avec la nature, nostalgie de l’enfance, solitude, absence, angoisse et émerveillement, orgueil et humilité, soumission et révolte, espoir et découragement, mort et renaissance. Et,
partout, l’aspiration éperdue à un idéal d’absolu dans la plénitude, l’harmonie, la réconciliation.
Dès la première lecture, on est baigné par un style d’une merveilleuse limpidité et d’une rare densité, si apparemment spontané, sans aucun hermétisme. « De la lumière mise sur
papier »*. Jamais de difficulté de lecture, jamais d’entrave à la compréhension. Des mots mélodieux « chargés seulement du souvenir des choses, de leur éclat ou de leur ombre », que Mireille Sorgue choisit « comme
des fruits, pour leur rondeur et leur velours ». Un style que Mireille voulait d’une « insolite simplicité ».
« Que l’œuvre soit cette figure simple, véhémente, sans repentir,
Que son mystère soit dans sa simplicité.
L’insolite simplicité. »
La lecture des trois livres terminée, on les pose sur une étagère, heureux de cette nouvelle richesse chez soi. On passe chaque jour devant eux, on s’en souvient avec émotion, des phrases
nous reviennent, on vit, on vaque,…, et puis un jour on les ouvre à nouveau. On les relit, on les relira encore. Car cette œuvre est un aimant. Chaque fois l’émotion est plus intense, chaque fois
l’attachement plus fort. De relecture en relecture, d’étonnement en émerveillement, on découvre sous chaque phrase, sous chaque mot, d’autres images, d’autres messages, d’autres symboles,
d’autres confessions tragiques délicatement voilées de poésie. Car Mireille Sorgue a su, par une pudeur extrême, parer des plus beaux atours sa quête désespérée. Son œuvre est une source inépuisable qui
épuise délicieusement le lecteur, une « floraison sans limite »**, un « jaillissement jamais achevé »**. Ainsi devenons-nous sans pouvoir nous en défendre la proie consentante et
ravie d’une soif troublante et inextinguible, cette même soif d’absolue beauté et d’absolue plénitude que Mireille n’a jamais pu étancher et qu’elle nous communique, faisant de chacun de
nous le dépositaire d’un message intemporel, si loin de toutes les modes littéraires éphémères, avec pour seule mission sacrée de le transmettre, de le défendre, de le partager, de l’offrir.
* Le Matricule des Anges
** Lorraine Richard